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Microfinance dans l’UMOA : une dynamique d’épargne soutenue, mais des tensions persistantes sur le crédit

Au premier trimestre 2025, les systèmes financiers décentralisés (SFD) de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) confirment leur rôle essentiel dans l’inclusion financière régionale. Comptant 533 institutions actives et 4 807 points de service, ils desservent 19,7 millions de clients, en hausse de 7% sur un an. Cette croissance continue traduit la forte demande pour des services financiers de proximité, notamment en milieu rural où les SFD sont souvent les seuls acteurs accessibles.

L’encours de l’épargne collectée par les SFD atteint 2 560,9 milliards FCFA à fin mars 2025, en hausse de 4,1% sur le trimestre et de 8,7% en glissement annuel. Cette performance est portée par les hausses enregistrées au Bénin (+7,7%), au Togo (+5,5%), au Burkina Faso (+5,2%) et en Côte d’Ivoire (+4%). La structure de l’épargne demeure dominée par les dépôts à vue (57,3%), traduisant une préférence pour la liquidité dans un environnement encore incertain. Toutefois, la répartition par genre des dépôts met en évidence un déséquilibre persistant. En effet, les femmes ne détiennent que 27,2% de l’épargne totale, contre 46 % pour les hommes, ce qui suggère un potentiel de croissance auprès de cette clientèle.

Parallèlement, l’encours des crédits s’établit à 2 628,4 milliards FCFA, en baisse de 2,4% sur le trimestre, malgré une progression annuelle de 4,5%. Ce recul s’explique par des facteurs saisonniers et une baisse du montant moyen des prêts (-5%, à 133 322 FCFA), particulièrement marquée au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire. Les financements à court terme représentent 47,2% des prêts octroyés, confirmant la prédominance des besoins de trésorerie et de fonds de roulement.

Cependant, la qualité du portefeuille se dégrade sensiblement. Le taux de créances en souffrance s’élève à 9,8%, bien au-delà du seuil prudentiel de 3%, contre 8,9% le trimestre précédent. Cette détérioration s’explique par la hausse des impayés (+8%), dans un contexte marqué par l’inflation, l’insécurité et les chocs climatiques.

Bien que représentant 7,1% des crédits et 5,3% de l’épargne bancaire régionale, la microfinance conserve une importance stratégique. Elle demeure un levier crucial pour le financement de millions d’acteurs du secteur informel. La consolidation de sa résilience et de sa gouvernance demeure un impératif pour garantir la viabilité du modèle.

Source : Agence ecofin, Rédaction Portail web MEPD


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